Asma LAMRABET

Récapitulatif des principaux points exégétiques et juridiques remis en question par les lectures féministes réformistes :

Récapitulatif des principaux points exégétiques et juridiques remis en question par les lectures féministes réformistes :

1)   Le concept de  Quiwamah (Coran 4 ;34) :  dans le Coran il correspond à  l’obligation de la prise en charge matérielle du foyer conjugal qui incombe à l’époux. Il a été interprété par l’exégèse et la jurisprudence islamique comme étant une caution divine à la supériorité des hommes envers les femmes.

2)   Les droits des femmes au sein du mariage : le mariage dans le Coran est décrit comme un contrat « lourd de conséquences » « Mithak ghalid » entre deux partenaires égaux en droits et en responsabilités « Elles ont des droits équivalents à leurs obligations » Coran 2,228, et dont les piliers sont : l’harmonie, l’amour, le respect mutuel, et la concertation. La jurisprudence islamique en a fait un « contrat de jouissance » « aqd moutaa », dans lequel c’est exclusivement l’époux qui « jouit »  - yatamataou  – du corps de son épouse et où l’épouse n’a aucun droit. 

3)   L’obligation du tuteur ou Wali pour la femme en cas de mariage : cette notion est inexistante dans le Coran et sujet à des divergences d’opinion  au sein des écoles juridiques islamiques. Cette notion de tuteur imposé aux femmes est souvent à l’origine des mariages forcés.

 

4)   Le divorce : le Coran permet en fait trois grands types de divorce : Le divorce par consentement mutuel : qui est décrit dans deux versets coraniques (Coran 4, 35) et (Coran 4 ;130) ;Le divorce sur demande de l’époux :(Coran 65, 1-8) ; Le divorce sollicité par l’épouse :  (Coran 2,229). La jurisprudence islamique dans sa grande majorité ne reconnaît que le droit exclusif du droit au divorce à l’homme.

 

5)   L’héritage : dans le Coran la demi part de l’héritage accordée aux   filles dans la fratrie par rapport aux hommes doit être analysée dans son contexte à savoir celui d’une structure familiale où les hommes prennent en charge toute la gestion matérielle de la famille. Pour l’époque cette demi part est à considérer comme ayant été une avancée importante pour les femmes qui dans aucune tradition monothéiste n’avaient ce droit. Cependant, aujourd’hui le revendication de l’égalité dans l’héritage est légitime vu les chamboulements structurels des familles traditionnelles et vu l’essor de l’indépendance économique et de l’autonomie des femmes musulmanes . La lecture féministe réformiste démontre d’autant plus qu’au sein du Coran même il y a des versets « oubliés » voire marginalisés qui stipulent une égalité évidente entre les héritiers femmes et hommes (Coran : 4.7).

 

À propos de l'auteur

ASMA LAMRABET

Native de Rabat (Maroc), Asma Lamrabet, exerce actuellement en tant que médecin biologiste à l’Hôpital Avicennes de Rabat. Elle a exercé durant plusieurs années (de 1995 à 2003) comme médecin bénévole dans des hôpitaux publics d'Espagne et d’Amérique latine, notamment à Santiago du Chili et à Mexico.

derniere video

Asma Lamrabet

Les femmes et l'islam : une vision réformiste